La licencée du Montpellier GRS cumule études et sport de haut niveau. Portrait alors que débute ce samedi au palais des sports René-Bougnol les championnats de France.
Accolé au stade de la Mosson, le gymnase « Lou Clapas » laisse encore apparaître les stigmates des inondations de 2014. Mais rien n’empêche Mathilde Lartigue de s’adonner à la Gymnastique rythmique. La jeune Héraultaise, licenciée au Montpellier GRS, prépare sa dernière grande compétition devant sa famille. Et elle a bien l’intention de tout donner.
« C’est motivant que la compétition soit ici, confirme-t-elle sur le bord du tapis. Ça me donne encore plus envie de donner le meilleur de moi-même. » A 17 ans, Mathilde a la tête sur les épaules et son discours n’est pas formaté. Tout juste une appréhension de parler d’elle : « J’ai commencé à 3 ans par la baby gym et puis en CM1, j’ai été détectée, chuchote la jeune gymnaste. Je suis entrée dans une structure aménagée où l’on commence à faire de la GR à haut niveau avant d’entrer dans un Pôle. »
Son parcours est jalonné de succès comme ce titre de championne de France Espoir. Une juste récompense pour elle, adulée dans son club. « C’est un exemple, insiste Alexandra Konova, l’une de ses entraîneurs. On a de la chance de l’avoir, elle a toujours tiré les filles dans le bon sens. Elle est l’ADN de la GR. »
Malgré les compliments, Mathilde affiche sa pudeur et un mental à toute épreuve. « Les filles n’ont qu’une minute trente pour montrer tout ce qu’elles ont travaillé pendant des mois, précise sa coach bulgare. Mathilde a ça dans le sang. Elle a ce mental qui fait la différence. » Avec 24 heures d’entraînement par semaine, et des journées entières pendant les vacances scolaires, la Montpelliéraine a toujours mis les ingrédients pour devenir une référence.
Hélas, son arrivée au meilleur niveau s’est faite entre deux Olympiades. Un rêve brisé ? « Ce n’est pas si grave, jure l’intéressée. Ce n’était pas mon objectif. Vous savez, la GR, ce n’est pas toute ma vie. » Sa vie, elle la conçoit plutôt dans la médecine : « Il faut penser à l’avenir car on ne gagne pas d’argent et la carrière est courte. C’est ma dernière année. Après, j’aimerais devenir pédiatre. » En pleine préparation du BAC S, la Montpelliéraine a déjà une belle idée de son avenir. « Peu importe son choix de carrière, je suis sûr qu’elle va réussir », s’enthousiasme sa coach.
« Le public l’aime car elle tente des choses extrêmement difficiles. Et pour cela, on l’admire ! »
Du haut de ses 1,68 m, cette spécialiste du ballon et des massues n’a jamais eu l’impression de sacrifier sa jeunesse. « Ça ne me pose pas plus de soucis que ça, ajoute-t-elle sans détour. Il y a quand même des sacrifices.. En général, quand j’ai du temps libre, je ne vais pas au cinéma comme les copines, je révise mon Bac. » Studieuse, la gymnaste l’est aussi dans son sport qu’elle considère comme un « loisir ».
Finalement, peu lui importe les sacrifices, le bonheur est ailleurs. « Ce n’est pas une frustration, c’est le sport qui est comme ça, note-t-elle. Ce sport me prend beaucoup de temps mais je m’amuse. » Les mots sont simples, francs et l’amertume ne fait pas partie de son vocabulaire. « Le public l’aime car elle tente des choses extrêmement difficiles, conclut Alexandra Konova. Et pour cela, on l’admire ! »
Le Montpellier GRS s’apprête à accueillir les championnats de France de gymnastique rythmique durant tout ce week-end au palais des sports René-Bougnol. Une vraie renaissance après les inondations qui avaient frappé le club en 2014.
« Cette compétition est pour notre club un vrai rayon de soleil ». Au-delà de la métaphore climatique, les mots de Christian Peremarti, président du Montpellier GRS, font mouche un an et demi après les inondations qui avaient ravagé le gymnase “Lou Clapas”, à la Paillade.
Fournisseur de talents pour la gymnastique française, le club héraultais avait tout perdu en quelques heures. Une première depuis la création de l’association, en 1981. « Sincèrement, le plan de développement a été assez simple, confirme Dany, l’épouse de Christian, présidente du comité régional : 2015 on survit, 2016 on reconstruit et pour la suite, on consolide. Cette organisation est un espoir pour nous. »
L’implication de la Métropole, des collectivités et des adhérents avait permis au club de s’en sortir. Aujourd’hui, c’est encore la solidarité qui prime. « Ce n’est pas simple d’organiser un tel événement à Bougnol, explique Dany Peremarti. Sans la collaboration de la Métropole mais aussi du MHB, tout cela n’aurait pas été possible. Nous sommes reconnaissants. »
Aujourd’hui, le Montpellier GRS est encore au centre de l’actualité. Mais cette fois-ci, les raisons sont sportives. Dès samedi, le gratin de la GR nationale se retrouve au Palais des Sports René-Bougnol pour le championnat de France Elite. Kseniya Moustafaeva en tête. La gymnaste de 20 ans est la vedette de la GR française et la seule qualifiée pour les Jeux de Rio. La région n’est pas en reste avec une pléiade de jeunes talents locaux. « Mathilde Lartigue est une belle gymnaste, régulière dans les performances, se félicite Eva Serrano, ancienne championne de France de la discipline. Il y a aussi Ambre Razat, chez les juniors, qui a de l’avenir. En Espoirs, on a la petite Maëlle Millet, dotée de qualités exceptionnelles. C’est vraiment l’avenir pour l’individuel en France. »
Eva Serrano : « Sans ce club, je ne suis pas sûr que j’aurais été sélectionnée en équipe de France »
Et le Montpellier GRS, qui abrite le Pôle Espoir depuis 2001, est une pierre angulaire dans la progression de la discipline en France. « Sans ce club, je ne suis pas sûr que j’aurais été sélectionnée en équipe de France », confirme Eva Serrano. La Nîmoise, qui avait terminé 6e à Atlanta, est aujourd’hui responsable de la formation des entraîneurs diplômés.
Enfin, cette année, la particularité est le jumelage avec la demi-finale des championnats de France “Ensembles” et des équipes nationales du Sud-Ouest. Et la région n’en est pas à son coup d’essai. En 2011, les championnats du monde de GR avaient attiré la bagatelle de 70 000 spectateurs dans les travées de l’Arena. En 2012 et 2015, les championnats d’Europe de gymnastique artistique avaient également fait recette. « Le Sud réussit à la gymnastique et vice versa, constate Dany Peremarti. Je pense que Montpellier est une ville d’accueil et la gymnastique s’y sent bien. » Réponse samedi et dimanche, à Bougnol.